Kairouan: diagnostic express

Par où commencer ?
Par le début quand Kairouan faisait rêver Paul Klee ou plutôt par la fin où les kairouanais fuient leur ville ?
Certes on conclu ce qu’on avait commencé par une fin, mais l’image de Kairouan qu’on aimerait bien envoyer à nos amis sur carte postale doit prendre naissance de cette fin.
J’avoue que depuis que je suis né je n’avais que le seul sentiment de regret pour Kairouan, avec un faible espoir de voir les choses changer.
Avec les années qui passent si vite, les choses ne font que se dégrader de plus en plus et la situation est devenue inquiétante.
A mon plus jeune âge, j’entendais parler de Sousse et de ses touristes, ces gens plus blancs que nous qui se permettent de payer une ‘fortune’ rien que pour découvrir un autre monde et s’amuser.
Au collège, on nous parlait de l’histoire de Kairouan, d’Oqba, de la grande mosquée, de la fasqiya et de beaucoup de biens et monuments dont on est fiers.
A l’université, changement de cap et l’aventure commence. La vie fait rêver sur les plages de Sousse et de Monastir à 30 minutes de Kairouan.
A Kairouan, on n’a pas de touristes parce qu’on n’a pas de plage parait-il.
A Kairouan on n’a qu’une seule ‘ pauvre’ université qui nous fait vibrer sur les fréquences de l’histoire de la fondation de la ville.
La plupart des étudiants kairouanais quittent leur ville pour trouver une université pour les accueillir. Là le périple du loyer commence surtout pour les petits budgets, majoritaires à Kairouan.
Une université qui nous apprend comment être fiers de son histoire. L’inadvertance, l’imprudence ou peu être l’indifférence font qu’on oublie qu’on né fiers de notre histoire. La fierté, ça ne s’apprend pas.
Le temps change et les habitudes changent avec mais Kairouan n’a pas bougé. L’égoïsme et l’individualisme l’emportent sur l’intérêt de la communauté. Le peu de vrai « rjél » n’y peuvent plus dans tout ce bazar. Les hommes d’affaires et les entrepreneurs, symbole d’un bon avenir aux jeunes karwi, fuient Kairouan pour l’autre Tunisie.
A Kairouan, on n’a pas de lignes ferroviaires pour leur faciliter la tâche.
A Kairouan, on n’entend plus parler de journées ou workshops du genre « investir à Kairouan, la mairie vous guide »; plus de journées portes ouvertes aux quelques ‘pauvres’ entreprises de la région afin de donner l’envie de faire idem à la génération suivante.
Pour les kairouanais, à Kairouan s’ajoute ‘Y a 7assra’ ; une nouvelle habitude qui exprime l’amertume et le désespoir d’un temps perdu. Ils ne se rendent pas compte, sans qu’ils le sachent, que Kairouan est toujours rayonnante avec son minaret, verte avec ses plantations, souriante avec ses tapis, rafraîchissante avec sa fasqiya, mystérieuse avec ses monuments qui jaillissent d’un sol éternellement fertile, ‘sorcière’ avec sa Raqqada, gourmande avec son makroudh, son kaftéji, son pain…

L’histoire nous a appris que Kairouan était fondée parce qu’elle est proche des côtes. Ironie du sort, de nos jours, on délaisse Kairouan parce qu’elle est proche des côtes.
Cherchez l’erreur !