La femme rurale au service du développement régional

Quand on visite les zones rurales du gouvernorat de Kairouan, on constate que la femme y joue un rôle primordial. Au sein de sa famille, elle est toujours la première à se lever et la dernière à se coucher.

Malgré ses nombreuses préoccupations, elle garde toujours son charme. Un charme discret.

Le stress ? La déprime ? La névrose ? Connais pas, semble-t-elle répondre à tout bout de champ.

Qu’elle soit jeune ou d’un certain âge, son visage est toujours resplendissant. Malgré la vie dure, malgré les difficultés quotidiennes, elle est toujours accueillante, gaie et patiente parce qu’elle est proche de la nature et elle a une foi intense.

Elle aime le travail de la terre et tout ce qui est le signe de la récompense de la bravoure.

Son langage est toujours chaleureux et expressif. En outre, elle reste attachée à ses habits traditionnels, ses bijoux d’argent et à ses colliers d’ambre.

Elle s’habille avec beaucoup de rouge, de bleu, de jaune, de vert et de rose. Ce goût des couleurs est l’ascendant direct de la nature avec sa panoplie de sons et de couleurs. Laborieuse, elle l’est tout comme l’homme dans les champs, ou dans sa petite parcelle de terre. Infatigable du matin au soir. En effet, en plus de ses préoccupations agricoles, elle va chercher l’eau et le bois, tisse le tapis, s’occupe du petit troupeau, et se rend au souk hebdomadaire pour écouler la production.

On a pu la rencontrer sur les différents sentiers, le cou et le dos ankylosés sous le poids des fagots ou des jarres d’eau : «La tradition et la nécessité nous contraignent à travailler la terre le plus souvent comme saisonnières. Mais c’est le plus souvent le mari qui encaisse l’argent !» nous dit avec un peu de regret Habiba Oueslati, mère de trois enfants.

Néanmoins, avec les différentes actions de l’Etat et les interventions du FSN, le milieu rural s’améliore, de jour en jour, puisque beaucoup de zones sont aujourd’hui dotées d’une nouvelle infrastructure qui tend à assurer à la population féminine l’encadrement social adéquat, notamment dans le secteur de la santé, de la formation professionnelle et de l’emploi. Et tout le monde admire avec fierté le rôle joué par les structures du RCD, les associations et l’Unft dans la promotion de la condition de la femme, notamment au plan de la diffusion de hautes valeurs chez les jeunes filles pour leur assurer une éduction saine et une vie équilibrée.

Témoignages

Le milieu rural du gouvernorat de Kairouan compte 388.360 habitants dont 193.460 femmes, soit un taux de 49,8%.

Grâce aux divers mécanismes mis en place et aux programmes de développement élaborés à leur profit, leur situation s’est nettement améliorée dans les domaines de l’éducation, de l’emploi et de l’hygiène. Tel est le cas de Zohra Mensi, 41 ans, formatrice en artisanat et propriétaire d’un atelier spécialisé en tapisserie dans le village montagneux de Oued El Gsabb (délégation de Oueslatia).

De 1999 à nos jours, elle a formé 70 jeunes filles âgées entre 16 et 30 ans dans le domaine du tissage du tapis, aidée en cela par l’ONA, le FNE 21-21, le FIAP et l’AKAD (Association de Kairouan pour l’autodéveloppement).

Après avoir reçu la formation nécessaire, ces jeunes filles se sont installées à leur propre compte et ont créé des métiers domestiques. Et Mme Mensi, tout en continuant de transmettre ses techniques et ses connaissances à d’autres jeunes filles au sein de son atelier, poursuit sa collaboration avec celles qu’elle a déjà formées en leur rendant visite chez elles, en les conseillant et en leur achetant la quantité de laine dont elles ont besoin.

Une fois les tapis finis, elle les soumet au contrôle de l’ONA à Kairouan qui les estampille d’un label officiel : «Etant donné que ma situation financière s’est améliorée, que mes 4 enfants ont grandi et que je roule en 4x4, je me permets de les aider à vendre ces tapis et à partager avec elles les gains», nous confie-t-elle.

«Grâce à mon sens de la solidarité et ma conscience quant à l’importance de l’encadrement de la femme rurale, tous les villageois et citadins m’apprécient et j’ai constamment des commandes qui me viennent de la part de parents qui préparent le trousseau de leurs filles», poursuit-elle.

Notons que tous les efforts de Zohra Mensi ont été couronnés en 2004 par l’obtention du Prix du Président de la République pour la promotion de la femme rurale.

Notre deuxième rencontre a été avec Salwa Fatnassi qui a obtenu un crédit de 800 D de la part de l’Association 7-Novembre pour le développement, ce qui lui a permis de réaliser un petit atelier de tapisserie murale situé à la zone rurale d’El Metbassta : «Grâce à ce crédit que j’ai déjà remboursé et à l’encadrement des membres de l’association, j’ai pu réaliser mon rêve celui d’être responsable d’un atelier à domicile où je tisse des klims (genre tapisserie de Gafsa), des sacs, des bandoulières et autres articles. Et comme j’ai rencontré des problèmes pour l’écoulement de ma production, j’ai dû me débrouiller, aller souvent au souk des tapis de Kairouan où il y a la vente à la criée, établir des contacts avec des commerçants. Et même si je ne gagne pas beaucoup d’argent, je dépense en moyenne 26 D pour le tissage d’un klim et je le vends à 50D, j’ai remboursé mon crédit à raison de 26D par mois et j’arrive à subvenir aux besoins de ma famille.»Fatma zaghouani

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