Kairouan
Le Mouled, une tradition qui reste jeune
Il faudrait découvrir la ville de Kairouan au moment du Mouled quand elle s’anime tout entière dans la foi et la ferveur. Il faut avoir vécu l’événement pour se rendre compte de sa portée religieuse et sociale et pour découvrir des citoyens pieux, attachés aux coutumes de leurs ancêtres et ouverts aux autres cultures.
Celui qui visite la capitale aghlabide pour la première fois pendant cette fête religieuse perçoit peu à peu la ville et s’étonne de la sentir venir à lui, si vite, en images contrastées, en visions modernes et anciennes: rues illuminées jour et nuit, tapis accrochés aux murs, odeurs d’encens et d’eau de rose dans l’air, concours de lecture du Coran et de chants liturgiques dans les mosquées et spectacles culturels variés qui s’accordent à merveille avec la piété kairouanaise.
Bref, Kairouan pendant l’anniversaire de la naissance du Prophète, c’est l’ambiance religieuse, c’est l’amour discret du monde et des êtres et c’est la mystérieuse et impondérable sensation donnée au visiteur.
Notons que c’est la Grande Mosquée Okba qui abrite, chaque année, la veille du Mouled, la cérémonie religieuse officielle et les chants liturgiques.
Et c’est au mausolée du Barbier que se déroule, le matin du Mouled, la narration de la Sira du Prophète. Ensuite, on procède à la circoncision d’un grand nombre d’enfants de condition modeste.
Parés de costumes traditionnels (jebbas, chéchias, babouches…), les petits garçons sont conduits à dos de cheval au rythme des trompettes et des tambours jusqu’à la mosquée du Barbier.
Plaisirs culinaires
Juste au moment de la circoncision, des petites jarres pleines de bonbons et de fruits secs sont brisées sur le sol pour distraire les enfants et pour chasser le mauvais œil. Tout cela dans une ambiance chaleureuse et émotive où les youyous se mêlent à l’odeur du henné et de l’encens.
Par ailleurs, le Mouled offre aux familles kairouanaises d’échanger des visites et d’exceller dans l’art culinaire dont le makroudh, l’assida traditionnelle et l’assida au zgougou constituent les principales composantes.
En effet, le makroudh, qui existe depuis des siècles, garde une place intacte dans notre choix.
Aucune pâtisserie n’a pu prendre la place royale du makroudh qui est devenu depuis la nuit des temps l’expression d’une civilisation, d’un art, la manifestation d’un besoin social.
Composé de semoule de blé dur, d’huile d’olive, d’écorce de cannelle, de dattes, de pétales de fleurs de rosier, de sucre et de smen, le makroudh est préparé suivant les moyens financiers et le goût des familles : aux amandes, aux grains de sésame ou aux dattes.
Pour ce qui est du zgougou, on constate que son prix a augmenté au fil des années (actuellement, il est vendu à 6D le kg), et ce, malgré l’existence dans le gouvernorat de forêts de pins d’Alep qui couvrent 16.000 ha dont 10.000 sont en pleine production.
Kairouan se fait belle
Cette année, le Mouled coïncidera avec les fêtes de l’Indépendance et de la Jeunesse et sera célébré dans une atmosphère particulière de fêtes, de ferveur, de piété et de manifestations culturelles, sociales et sportives.
Plusieurs commissions ont été constituées au sein du gouvernorat pour s’occuper comme il se doit de la propreté et de l’embellissement de la ville, ainsi que des différentes activités religieuses.
Outre les aides qu’on fournira aux familles nécessiteuses, on visitera les malades, les handicapés et les personnes âgées à qui on offrira des cadeaux.
Fatma ZAGHOUANI
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