L’Akad, un plus pour ceux qui ont moins…
L’action associative est dans notre pays un des supports du développement socioéconomique et politique.
En outre, le tissu associatif apporte son soutien aux choix nationaux, à l’édification d’une société libre et responsable, à la diffusion de la culture de l’initiative et à l’impulsion de l’élan, de solidarité et de volontariat, au service de la communauté nationale.
C’est dans cette optique que s’inscrit, à titre d’exemple, la création en 1993 de l’Akad (Association de Kairouan pour l’autodéveloppement), une ONG qui opère pour l’autodéveloppement des familles et des femmes dans les zones d’ombre, en les impliquant dans toutes les démarches et les actions qui favorisent le développement-communautaire dans un réseau de solidarité et de coopération avec les ONG nationales et internationales et les départements de l’Etat.
Ayant obtenu en 2001 le Prix du Président de la République pour la promotion de la famille, l’Akad utilise le mécanisme de microcrédits pour appuyer ses activités et créer de nouvelles perspectives pour les économiquements faibles, notamment dans les zones prioritaires. Et les objectifs de cette association sont nombreux comme nous l’explique M. Ammar Khemili, son président, puisqu’ils visent à développer les ressources humaines, à soutenir toute action de protection de l’environnement par des projets agricoles où la femme rurale est une jardinière de la nature, à créer des réseaux de micro-entreprises féminines, à mettre en valeur les contributions des femmes pour l’amélioration des revenus, à créer un tissu local d’entraide et de mutualité par le volontariat, à réduire les causes d’exclusion sociale et à appuyer les efforts de l’Etat en matière de solidarité, de tolérance et de développement durable.
Ainsi, l’Akad a déjà aidé en l’espace de 4 ans (de 2001 à 2004) 2.593 bénéficiaires à sortir du chômage et à jouer un rôle économique primordial dans les secteurs de l’agriculture, de l’artisanat et du commerce, de manière à sauvegarder le patrimoine et à préserver les spécificités de la société rurale. Au total, une enveloppe de 2.188.300d a été réservé à ce programme et le volume de crédit varie de 500 à 4.000d, sachant que l’Akad cible les familles démunies et non éligibles aux sources de financement existants.
Dans la zone rurale de Chrichira (délégation de Haffouz), Wassila S. (27 ans) ayant le niveau d’instruction de 2e année secondaire, a eu l’accord pour le financement d’une petite unité où elle fabrique des articles d’alfa, des paillassons, des sacs et des paniers : «Grâce à ce projet, mon existence s’est complètement métamorphosée. Je sens que j’ai ma place dans la société et j’ai beaucoup de projets d’avenir», nous confie-t-elle.
A côté de cela, l’Akad a réalisé beaucoup d’autres projets, et ce, avec la collaboration de différents ministères et grâce à une coopération nationale et internationale. On citerait, notamment, le processus d’élaboration d’un plan d’action local de lutte contre la désertification au profit de la population de Oued Gssab à Oueslatia (22.000d), le programme de formation et de création de sources de revenus pour 80 femmes rurales, le projet de promotion de la zone de Fjij (Nasrallah) ayant permis la création de 3 serres agricoles, la formation et le financement de 56 ménages, la formation de 180 jeunes filles rurales en petits métiers et en agriculture, et de 30 garçons dans le centre d’agriculture moderne à Chbeda, le programme de promotion de 250 femmes rurales et le programme de développement communautaire au profit de 50 familles de Haffouz ayant bénéficié d’opérations pilotes de développement intégré (300.000d).
Le volontariat international
Dans le cadre de la coopération internationale, l’Akad avec l’aide de la COPE (Association italienne de volontariat), a entamé depuis 1994 un projet de volontariat international qui a permis la construction d’une maison communautaire et de la clôture d’une école à Sdara (Oueslatia), la construction d’un dispensaire, d’une salle d’animation et de la clôture d’une école à Msireb (Oueslatia), la construction d’un château d’eau à Jbil (Haffouz), d’un dispensaire à Aïn Koudia (Haffouz) et d’un dispensaire à Sirdrana (Sbeïtla).
La promotion de la femme rurale, axe de développement à Jbil
Jbil est une localité rurale appartenant au secteur Khit El Oued (délégation de Haffouz). C’est une zone montagneuse enclavée au Nord entre des collines argileuses et à l’Est par une chaîne rocheuse couverte d’une végétation plus dense (genevriers, romarin, caroubiers, oliviers). Elle est traversée de petits ruisseaux et l’Oued El Hajjar, à régime torrentiel, avec une source d’eau à la limite de la chaîne rocheuse descendante.
En vue de promouvoir cette localité, favoriser l’auto-développement de la population et créer ainsi les conditions nécessaires d’un développement durable, l’Akad a entrepris des actions au profit de 209 villageois, et ce, avec la collaboration du conseil régional du gouvernorat de Kairouan, de la délégation de Haffouz, du projet du «Croissant-ouest», du génie rural et de la population locale.
Ces actions ont été axées sur l’amélioration, en premier lieu, des capacités des artisanes par des journées de formation assurées par des techniciens de l’ONA et l’octroi de métiers à tisser et des accessoires nécessaires pour l’installation à domicile.
Le développement des capacités féminines en matière d’écoulement de la production et l’accès à un programme socioéducatif multidisciplinaire, constituent les autres volets du programme.
D’autre part, 50 élèves de la micro-zone de Jbil sont pris en charge par l’Akad afin de faciliter le déroulement de leurs études et de lutter ainsi contre l’abandon précoce des jeunes filles.
Par ailleurs, l’Akad a invité la population à planter 3.000 oliviers, à essayer d’améliorer les techniques culturales de la céréaliculture et à introduire la plantation de l’acacia qui améliore la capacité fourragère à côté des espèces existantes (aléastres, caroubiers, etc.), ce qui permet de stabiliser les terres et d’augmenter le potentiel en énergie (bois de chauffage).
Enfin, pour assurer des services de proximité et être à l’écoute de la population, une maison communautaire a été construite. Elle servira, notamment, à offrir aux enfants un espace extrascolaire qui se situe dans le processus dynamique de développement amorcé par l’Akad.
Fatma ZAGHOUANI-La Presse du 25.04.2007